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18 juillet 2022

Un peu de bla bla... historique

Il est parfois agréable de relire un des grands classiques du naturalisme, et particulièrement un auteur qui s’est attaché à décrire et à classer les connaissances ornithologiques de son époque…

Je vous propose donc un petit extrait du tome 7 de l’ « Histoire naturelle des oiseaux » de Georges-Louis Leclerc de Buffon, disponible (entre autre) sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France (BNF).

Je vous ai choisi un petit passage de son article consacré au Pic vert :

« Le pic vert est le plus connu des pics, et le plus commun dans nos bois. Il arrive au printemps et fait retentir les forêts de cris aigus et durs, tiacacan, tiacacan, que l’on entend de loin et qu’il jette surtout en volant par élans et par bonds ; il plonge, se relève et trace en l’air des arcs ondulés, ce qu’il n’empêche pas qu’il ne s’y soutienne assez longtemps ; et quoiqu’il ne s’élève qu’à une petite hauteur, il franchit d’assez grands intervalles de terres découvertes pour passer d’une forêt à l’autre.

Dans le temps de la pariade, il a de plus que son cri ordinaire un appel d’amour qui ressemble en quelque manière à un éclat de rire bruyant et continu, tio tio tio, tio tio tio, répété jusqu’à trente et quarante fois de suite.

Le pic vert se tient à terre, plus souvent que les autres pics, surtout près des fourmilières, où l’on est assez sûr de le trouver et même de le prendre avec des lacets. Il attend les fourmis au passage, couchant sa longue langue dans le petit sentier qu’elles ont coutume de tracer et de suivre à la file ; et lorsqu’il sent sa langue couverte de ces insectes, il la retire pour les avaler ; mais si les fourmis ne sont pas en mouvement et lorsque le froid les tient encore renfermées, il va sur la fourmilière, l’ouvre avec les pieds et le bec et s’établissant au milieu de la brèche qu’il vient de faire il les saisit à son aise et avale aussi leurs chrysalidesetc, etc... »

Buffon – Histoire naturelle des oiseaux – Tome 7 – 1780

Le style peut en paraître désuet mais je trouve intéressante cette façon d’aborder une espèce en décrivant certains aspects de son comportement avec beaucoup de minutie. Cela traduit un sens de l’observation bien affûté…

… Du moins on pourrait le croire et on s’attendrait donc à trouver dans cet article une description bien détaillée de son plumage, de sa morphologie….

Mais, hélas, il n’en est rien : Buffon se contente de répertorier les différentes descriptions (sommaires!) de différents auteurs sans trop s’avancer: on a ici affaire à une compilation critique de différentes sources… un peu comme si Buffon n’avait jamais de lui-même observé un Pic vert !

 

Le Pic vert, illustration de François Nicolas Martinet vers 1770

 

Cette histoire naturelle des oiseaux consiste donc en une longue discussion (il y en a 9 tomes!) sur l’état des connaissances ornithologiques du 18° siècle. Il faut bien avouer que tout cela fait un peu fouillis… Comme l’étaient les connaissances de l’époque : un des mérites de Buffon est d’avoir mis tout cela à plat ; c’est ce qu’on pourrait appeler une « somme des connaissances ».

Dans cette « somme des connaissances », Buffon remonte parfois très loin… jusqu’à la Rome antique :

« le Pic tenait le premier rang dans les auspices. Son histoire ou plutôt sa fable mêlée à la mythologie des anciens héros du Latium, présente un être mystérieux et augural, dont les signes étaient interprétés, les mouvements significatifs et les apparitions fatales »

Bref, une lecture souvent plaisante, parfois instructive… mais aussi déconcertante !

D’autant plus que Buffon n’a pas utilisé la classification de Linné, qui avait le mérite d’utiliser une méthode plus scientifique et plus rigoureuse, bien que, elle-aussi, balbutiante à l’époque. Buffon a préféré faire œuvre personnelle en proposant un système de classement qui considérait les oiseaux géographiquement proches (c’est à dire européens) et à y rattacher des oiseaux plus lointains mais ayant des caractères morphologiques proches…. Oiseaux lointains dont il n’avait connaissance que par d’autres auteurs ou observateurs peut-être pas toujours trop fiables...

 

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