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Photos en errance
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6 mai 2021

L'ornithologie peut mener à tout...

 ... même à la découverte de textes écrits par des auteurs faisant partie du patrimoine littéraire belge...

[Cliquer sur les images pour les agrandir] Contrat Creative Commons

Fauvette à tête noireLes oiseaux au printemps

Rossignol philomèleOctave Pirmez (1832 - 1883)

"Le printemps est de retour. La nature, tourmentée par un long hiver, se faisait vieille et chagrine ; la voici qui redevient enfant, folâtre enfant qui secoue au vent tiède sa chevelure parfumée ; erre partout en son généreux abandon, faisant croître les plantes et les fleurs sous ses pas. Les oiseaux volent devant elle en gazouillant leur chant de joyeuse arrivée ; ils viennent reconnaître les moindres branches des arbustes où aux étés derniers ils chantaient la joie de vivre. Que sont devenus pendant l’hiver les oiseaux fidèles ? Se seraient-ils éloignés si les souches d’une forêt hospitalière leur avaient offert un doux abri ? Mais, quand tout est couvert de neige, quand la gelée durcit la terre, comment vivre ? Comment se poser sur l’arbre roidi par le givre ? Comment éviter l’œil clair de l’oiseau de proie qui plane sur la forêt dépouillée ?

La saison des périls est passée ; le soleil qui fertilise a reparu ; l’arbuste bourgeonne ; la verdure çà et là obscurcit les branches, et de joyeuses volées emplissent les bois. Fauvettes à tête noire, verdiers, bruants, rossignols, vont et viennent vivement d’un arbre à l’autre, et des arbres au sentier, porteurs de fétus, de duvet, de racines. La fauvette à tête noire, la confiante couveuse, amie des jasmins, y attache franchement son nid, qu’à peine elle achève. Les verdiers, ces moineaux des arbres verts, s’accouplent à la cime des genévriers, restent immobiles aux heures brûlantes du jour. Leurs deux notes, jetées sans trêve, sont comme un écho de la sève printanière. Le bruant, chantre des hauts peupliers et de la lisière des forêts, va pondre aux fourrés de ronces, pour déchirer les mains imprudentes qui tenteraient de lui dérober sa couvée . Son cri grinçant s’allie au bruit des ruisseaux sur les cailloux, dans les vallons déserts. Le passereau inspiré, le rossignol, étale son large nid de feuillage dans l’ortie, près de la souche, sans frayeur des bêtes de maraude. Il y dépose, à la garde de dieu, des œufs sombres d’où doivent éclore des chants limpides qui feront retentir les halliers. L’enthousiasme de son amour le prive de la prudence. Peut-être, dans la paix des nuits étoilées, ses chansons éclatantes conjureront les dangers."

 

Je n'aurais pas dit mieux !

Même s'il faut bien avouer que le style nous en paraît un peu suranné....

 

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Commentaires
L
Superbe prose !
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