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18 février 2021

Tout(?) sur... le Faucon crécerelle

[Cliquer sur les images pour les agrandir] Contrat Creative Commons

Tout ? Non, bien évidemment : il y aurait beaucoup plus à en dire…

Pourquoi le Faucon crécerelle ? Parce ce que, chez nous, en Belgique c’est un oiseau que l’on peut facilement observer…

 

de ijzermonding_nieuport_2015-10-25--11

Un peu de taxonomie pour commencer?

Oui ! Mais pas trop et assez vite… en général beaucoup considèrent cela comme indigeste… et c’est un tort !

Pour faire bref, le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) appartient au genre Falco de la famille des falconidae, la seule famille de l’ordre des Falconiformes.

Pour être complet, ce Falco tinnunculus se décline en 11 sous-espèces (pour le moment, le propre de la taxonomie est d’être fréquemment remise en question!)

Ce genre Falco regroupe 39 espèces ; le crécerelle a donc de nombreux voisins très proches dans l’arbre phylogénétique : en Belgique, on observe fréquemment le Faucon pèlerin et le Faucon hobereau, plus rarement le Faucon émerillon et le Faucon kobez.

Quand aux Buses, Busards, Éperviers, Bondrée… etc. .. ils sont classés dans l’ordre des Accipitriformes et ne sont donc que des ‘cousins’ assez lointains du crécerelle, malgré leur mode de vie et de chasse fort semblables.

 

Où et quand le chercher chez nous ?

Facile : pour faire simple, en Belgique, on le trouve partout et tout le temps !

Il préfère les espaces dégagés : champs, pâtures, lisières de forêt… Il semble en plus apprécier le bord des routes. On ne l’observera pas au fin fond des forêts ardennaises, mais on le retrouve dès qu’on quitte le couvert forestier.

Il n’est pas en régression en Belgique : les observations reportées sur le site observations.be font état de plus de 60.000 individus recensés en 2020… qui semble être une année assez faste pour cette espèce, : en effet ’seulement’ 30 à 37.000 individus avaient été notés annuellement entre 2015 et 2019. Cependant le nombre d’observateurs à lui aussi augmenté dans la même proportion en 2020… donc ces statistiques sont à relativiser…

Si vous êtes un grand voyageur, vous le verrez dans la majeure partie du paléarctique (excepté en Sibérie), en Afrique subsaharienne et en Asie. Par contre, n’espérez pas le voir en Amérique (nord et sud) en Australie et en Océanie.

 

Que met-il à son menu ?

C’est un amateur de viande fraîche ! Il chasse principalement les petits mammifères, surtout les campagnols et les mulots. Mais, si nécessaire, il peut se contenter d’insectes, de batraciens, de reptiles et même de petits oiseaux.

Une étude de l’université de Lyon (assez ancienne) renseignait en son temps les proportions suivantes :

Petits rongeurs

72 %

Insectes

18 %

Batraciens, serpents, lézards

5 %

Petits oiseaux

5 %

 

Il repère sa proie soit à l’affût sur un poteau, soit en pratiquant le vol stationnaire dit du Saint-Esprit (vol battu, face au vent, pratiqué comme substitut à l’affût lorsque des perchoirs ne sont pas disponibles). Il pique ensuite dessus pour la capturer au sol. Même les petits oiseaux sont capturés de cette manière et non pas en vol.

Il dispose d’un atout non négligeable pour optimiser sa chasse : comme de nombreux oiseaux (peut-être tous), il perçoit les ultraviolets, or les micro-mammifères excrètent dans leurs urines des substances qui réfléchissent les ultraviolets émis par le soleil. Le crécerelle est donc capable de « visualiser » les pistes utilisées par ses proies. Il ne lui reste qu’à se poster à l’affût à l’aplomb de ces endroits stratégiques. Il ne chasse donc pas au hasard mais il utilise une tactique qui consiste à se déplacer de poste d’affût en poste d’affût. Cette stratégie lui permet de compenser le peu de succès de la plupart de ses tentatives de capture...

De plus comme tous les rapaces, sa vue est extrêmement développée : on dit qu’il peut distinguer un insecte de 2 mm à 18 mètres de distance… ce n’est pas donné à tout le monde!

Les proies capturées seront mangées à même le sol ou sur un perchoir et seront pour la plupart dépecées avant d’être ingérées, ce qui explique que les pelotes de réjection du crécerelle ne contiennent quasiment jamais d’os.

 

Et les plaisirs de la vie de famille ?

Le dimorphisme sexuel est bien tranché : si les conditions d’observation sont bonnes, il n’y a aucune difficulté à distinguer mâle et femelle. Je ne vous ferai pas ici l’injure de reprendre les différents critères d’identification, je vous renvoie à votre guide de terrain préféré…

Il est monogame et fidèle à son site de reproduction. La parade nuptiale commence dès la fin de l’hiver, en mars. Les vols nuptiaux alternent les vols circulaires, des poursuites, des simulacres d’attaque et des présentations de proie du mâle à la femelle. Cela peut parfois être assez acrobatique !

Pour ce qui est de la nidification, ce n’est pas un bâtisseur, il s’adapte à ce qu’il trouve : des nichoirs (qui semblent avoir beaucoup de succès), des cavités naturelles ou artificielles, des anciens nids de corvidés...Si nécessaire son activité de construction se limite au renforcement de vieux nids trop déglingués… Il lui arrive même parfois de pondre directement sur le sol….

La ponte de 5 à 6 œufs a lieu dans la seconde moitié d’avril. La couvaison d’une durée de 30 jours démarre après la ponte du dernier œuf, de façon à synchroniser les éclosions. Le mâle n’y participe pas ; pendant cette période son rôle se limite à apporter des proies à la femelle. Ces proies seront déposées à proximité du nid ; madame ne sera pas servie au lit !

Après l’éclosion, les jeunes resteront environ 30 jours au nid. Ils quittent donc le nid dans la seconde quinzaine de juin. Ils seront encore nourris par les parents à proximité du nid jusqu’en août-septembre. Ensuite… chacun pour soi : les jeunes se disperseront souvent à grande distance et s’établiront sur des territoires bien éloignés de leurs parents.

On estime que, sur les 5 à 6 œufs pondus, de 3 à 4 jeunes quitteront le nid. Le succès de la reproduction est donc loin d’être négligeable. Mais le premier hiver peut être très difficile à passer pour les jeunes !

Restera donc à voir quel sera l’influence du réchauffement climatique et de la douceur nouvelle de nos hivers… Mais beaucoup d’espèces auront des soucis avec ce problème de réchauffement !

La longévité du crécerelle est estimée à 15 ans.

 

Migration ?

En Belgique, ‘nos’  crécerelles sont sédentaires : ils passent donc l’hiver chez nous.

Mais l’espèce est partiellement migratrice : les crécerelles nordiques (Scandinavie, Allemagne) migrent et on peut, chez nous, observer un pic de passage pré-nuptial en mars et un pic post-nuptial en septembre-octobre.

Cependant, en hiver, si les conditions météo sont trop défavorables, notamment si de longues périodes de couvert neigeux abondant perturbent la chasse, nos crécerelles peuvent faire preuve d’erratisme et descendre un peu vers le sud pour y trouver des conditions de subsistance plus propices.

 

De plus ?

Si vous avez des remarques, des objections, des compléments d’information… n’hésitez pas à m’en faire part…

 

Assez de bla bla, voici une photo….

Faucon crécerelle

Une petite devinette…

Les faucons portent la ‘moustache’… et ce n’est pas pour des raisons esthétiques…

Cette ligne sombre plus ou moins épaisse, qui part du dessous de l’œil et qui traverse la joue, sert à absorber le rayonnement solaire et donc à limiter l’éblouissement !

Cette propriété est d’ailleurs exploitée par certains sportifs qui tracent une grosse ligne à la graisse noire sous l’œil ; c’est la pratique du ‘eye-blak’, populaire chez les joueurs de football américain et de base-ball . Ce n’est donc pas une ‘peinture de guerre’ destinée à impressionner l’adversaire, mais une astuce qui permet d’être moins ébloui par le soleil. Des études scientifiques sérieuses ont confirmé cette propriété !

On peut remarquer que beaucoup de rapaces, bien que n’ayant pas de moustaches comme les faucons, ont l’œil entouré de plumes sombres….

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